Sauvez le soldat Sergio Perez

Ce dimanche à Mexico, Sergio Perez a touché le fond. Après deux ans de descente aux enfers, il est temps de mettre fin à ce massacre. Détruit mentalement, le Mexicain ne relèvera sans doute jamais la tête. De son côté, Red Bull a trouvé le bouc émissaire parfait.

FORMULE 1

Louis Cumbo

10/29/2024

En 2020, Sergio Perez débute sa dixième saison en Formule 1. Alors coéquipier de Lance Stroll chez Racing Point, le Mexicain apprend qu’il sera remplacé en 2021. Racing Point, qui se transforme en Aston Martin, a choisi sa nouvelle tête de file : Sebastian Vettel. Sans baquet pour la saison suivante, le Mexicain est en mission. Au volant de sa « Mercedes Rose », Checo enchaîne les très bons résultats : deux fois sixième en Autriche, cinquième en Espagne, quatrième en Russie et au Nürburgring. Perez est loin de mériter sa sortie annoncée de la Formule 1. En Turquie, sous la pluie et sur un circuit resurfacé qui n’offre aucune adhérence, il parvient à verrouiller la première ligne en qualification, Lance Stroll étant en pole. En course, Sergio Perez sécurise la deuxième position, derrière un Lewis Hamilton qui, ce jour-là, décroche son septième titre de champion du monde. Le Mexicain monte pour la première fois sur le podium cette saison, et le meilleur reste à venir. Trois semaines plus tard, la Formule 1 expérimente l’« outer track » de Bahreïn, une version qui saute l’intégralité du deuxième secteur du tracé traditionnel. Avec seulement onze virages, trois lignes droites et un tour en moins d’une minute chrono, cette variante du circuit est excitante. Sergio s’élance en cinquième position, mais est victime de la manœuvre audacieuse de Charles Leclerc au virage 4. Le Mexicain repart en dernière position. Au terme d’un Grand Prix totalement fou, marqué par les multiples déboires de George Russell et Mercedes, Perez effectue une remontée hallucinante pour arracher sa première victoire en carrière. Ému aux larmes, Checo pense alors quitter la Formule 1 par la grande porte, mais Red Bull décide de sauver le soldat Perez. Mécontent des résultats d’Alexander Albon, la marque de boissons énergisantes le remplace par un pilote qui n’est pas issu de sa filière : une première depuis Mark Webber. Au lieu de rester sur la touche, l’ancien pilote Sauber rejoint une écurie de pointe pour la première fois de sa carrière : un conte de fée. Malheureusement pour lui, la belle histoire s’arrête ici. Les années qui suivent vont être un véritable naufrage.

En 2021, Max Verstappen et Lewis Hamilton se livrent une bataille sans précédent dans l’histoire de la Formule 1. Sergio Perez est bien loin de se battre avec ces deux titans de la course automobile : il doit jouer le lieutenant. Tout le monde se souvient de sa défense magistrale lors de la finale à Abu Dhabi, mais la réalité est la suivante : il termine à 205,5 points de Verstappen, et ne fait pas mieux que Pierre Gasly et Alexander Albon avant lui. Ce deuxième baquet chez Red Bull est une énigme. Oui, Verstappen est un pilote extraordinaire avec un style de pilotage atypique, mais la différence de performance avec ses coéquipiers est ahurissante. Au fil des saisons, le scénario est le même : Perez performe lors du premier quart de la saison, les évolutions sur la monoplace arrivent et Checo disparaît au fur et à mesure des Grands Prix. Il devient presque insupportable de voir Sergio Perez maintenu dans cette monoplace, tant cela n’aide personne : le Mexicain est au bout du rouleau mentalement et son pilotage le reflète. Red Bull termine troisième au championnat des constructeurs à cause de cela. Évidemment, Christian Horner et Helmut Marko en profitent pour dézinguer Checo en public chaque week-end. Parce qu’après tout, le responsable, c’est lui ; son coéquipier est leader du championnat, Perez est huitième… si seulement c’était aussi simple.

Aujourd’hui, même Max Verstappen n’arrive plus à dompter cette RB20. Red Bull a fait de cette voiture, qui était l’une des plus dominantes de l’histoire, un monstre à piloter, et personne n’arrive à la maîtriser. Si l’écurie autrichienne n’est pas championne cette saison, ce n’est pas entièrement de la faute de Perez. Le développement de la voiture est raté, l’ambiance depuis les affaires Horner est électrique, et le management du cas Sergio Perez est catastrophique. Le Mexicain se plaint depuis de nombreux Grands Prix du comportement de cette RB20, et il a fallu attendre que Max Verstappen ne gagne plus pour qu’on le prenne au sérieux. Chez Red Bull, il n’y a qu’un roi, et il est Néerlandais. Aujourd’hui, la RB20 ne permet plus à Max Verstappen de gagner seul un championnat des constructeurs comme il a pu le faire en 2023. Red Bull a bien mangé en 2022, 2023 et au début de 2024, Perez n’était pas invité mais c’est bien lui qu’on appelle pour payer l’addition.

Perez est une victime collatérale et a vu sa carrière totalement brisée. Malheureusement, lorsque tout cela sera terminé, de quoi se rappellera-t-on ? Du jeune Sergio Perez et de sa Sauber qui tient tête à Fernando Alonso sous la pluie en Malaisie en 2012 ? Ou du Sergio Perez qui se fait humilier jour après jour en 2024 ? Aujourd’hui, Checo est devenu ridicule. Un pilote qui, avec toute la pression du monde sur ses épaules, se raccroche à son contrat qui court jusqu’en 2026 pour affirmer à tout le monde qu’il sera là l’année prochaine. Son père déclare qu’il sera champion du monde dans les prochaines années, alors qu’on ne sait pas si son fils sera encore là après le Grand Prix du Brésil… Cette situation a trop duré, il faut désormais libérer Sergio Perez. Je suis sûr que le Mexicain reprendra confiance dans un autre championnat que la Formule 1.

Sauvez le soldat Sergio Perez

Ce dimanche à Mexico, Sergio Perez a touché le fond. Après deux ans de descente aux enfers, il est temps de mettre fin à ce massacre. Détruit mentalement, le Mexicain ne relèvera sans doute jamais la tête. De son côté, Red Bull a trouvé le bouc émissaire parfait.

Crédit photo : Song Haiyuan/MB Media