Échec et Max
Au terme d’un Grand Prix complètement fou, Max Verstappen s’est imposé sous la pluie d’Interlagos. Parti 17e, le Néerlandais a réalisé l’une des meilleures performances de sa carrière. La course au titre s’achève prématurément : si Verstappen termine devant Norris à Las Vegas, il sera quadruple champion du monde. Nos deux Normands, Esteban Ocon et Pierre Gasly, ont brillé de mille feux, sans commettre la moindre erreur, offrant à la France son premier double podium depuis 1997.
FORMULE 1


Max Verstappen marche sur l’eau
Légendaire, fabuleuse, majestueuse, incroyable, extraordinaire… nombreux sont les superlatifs pour qualifier la course de Max Verstappen. Et pourtant, tout a mal commencé pour le Batave. Après les qualifications, tout semblait basculer du côté de Lando Norris. Le Britannique s’adjugeait la pole position tandis que Verstappen était éliminé en Q2, puis relégué au 17e rang à cause d’une pénalité de cinq places… Personne ne s’attendait à ce que la course au championnat s’achève brutalement.
Dès le départ, Max Verstappen s’est illustré. Il avale Colapinto et Bearman dès l’extinction des feux avant de réaliser une manœuvre dont il a le secret. Au virage 3, il enroule trois voitures par l’extérieur… le Néerlandais est déjà 11e avant même la fin du premier tour. Il enchaîne avec un plongeon au premier virage sur Lewis Hamilton. Le triple champion du monde ne rencontre visiblement aucun problème dans ces conditions. Il double Gasly, Alonso, Piastri et Lawson avec une facilité déconcertante : au 11e tour, il est 6e. Ensuite, Max Verstappen reste bloqué dans le train mené par Yuki Tsunoda, alors 3e. Il n’arrive pas à trouver l’ouverture sur Charles Leclerc, qui bataille avec Esteban Ocon pour la 4e position. « Mad Max » reste sage et attend son heure, qui ne tardera pas à arriver. À la fin du 28e tour, la pluie s’intensifie. Les deux leaders, Russell et Norris, décident de s’arrêter pour chausser des gommes intermédiaires neuves. Trois pilotes résistent sur la piste sous ce déluge : Esteban Ocon, Max Verstappen et Pierre Gasly.
Au 30e tour, la direction de course fait sortir la safety car. Aucun incident n’est à déplorer, mais le manque de visibilité justifie cette neutralisation de la course. Colapinto part à la faute sous régime de voiture de sécurité et déclenche un drapeau rouge : jackpot pour le trio de tête. La course reprend, et Esteban Ocon parvient à distancer Max Verstappen, mais malheureusement pour le Français, Carlos Sainz explose sa Ferrari au virage 8, provoquant une nouvelle voiture de sécurité. Cette fois, à la relance, « Super Max » retarde son freinage au virage 1 et ravit la première position à l’Alpine. Une fois en tête, on retrouve le rouleau compresseur néerlandais enchaînant les meilleurs tours en course. Pour la huitième fois de la saison et pour la première fois depuis le Grand Prix d’Espagne, Max Verstappen franchit la ligne en vainqueur.
Cette victoire du Néerlandais est l’une des plus impressionnantes de sa carrière. Max Verstappen a dominé son sujet, incisif et chirurgical dans ses dépassements, puis maître de la course : le Batave a montré que ses trois titres n’étaient pas un hasard. Oui, il a été aidé par les faits de course, mais en Formule 1, il faut parfois un peu de réussite.
Grâce à ce succès retentissant, Verstappen a quasiment plié le championnat : il dispose désormais de 62 points d’avance sur Lando Norris. Si Max Verstappen termine devant son rival britannique à Las Vegas, il sera sacré champion du monde. Lando Norris a maintenant besoin d’un miracle.
Lando Norris : la tête sous l’eau
Lando Norris a coulé au Brésil. Contrairement à son rival, tout avait parfaitement commencé pour lui, mais le Grand Prix ne s’est pas passé comme prévu. Débordé au départ par George Russell, le pilote McLaren perd immédiatement l’avantage de sa pole position matinale. Il est ensuite incapable de reprendre le dessus sur son compatriote. Après son unique arrêt aux stands au 28e tour, il parvient à doubler le pilote Mercedes, mais la pluie trop violente et le drapeau rouge provoqué par Colapinto neutralisent la course : le Britannique perd tout à ce moment précis.
Ensuite, Norris commet des erreurs. Au 34e tour, il sort trop large au virage 4, permettant à George Russell de prendre la 4e position. Lors de la relance après la deuxième voiture de sécurité, Norris tire tout droit au virage 1, une manœuvre qui lui coûte encore deux positions au profit de Leclerc et Piastri. Heureusement pour lui, son coéquipier le laisse repasser, mais l’Anglais bute ensuite sur la Ferrari numéro 16. Parti en pole position, Lando Norris termine seulement 6e.
Le bilan comptable est lourd pour Norris. Alors que tout le monde pensait que le championnat basculait en sa faveur, le Britannique a subi un retournement de situation que seule la Formule 1 peut offrir. En interview, Norris se dit malchanceux, et il a raison. Cependant, la malchance ne gomme pas les erreurs qu’il a commises au Brésil mais aussi tout au long de la saison. Le Britannique n’a pas été à la hauteur de son ami hollandais.
Alpine : parenthèse enchantée
La belle histoire du jour est française. Esteban Ocon et Pierre Gasly ont réalisé une course formidable pour positionner les DEUX A524 sur le podium. Une performance aussi inattendue qu’extraordinaire, mais lorsqu’on regarde la course en elle-même, cela n’a rien d’un hasard.
Esteban Ocon avait déjà fait le travail en qualifications en positionnant son Alpine en 4e position. Pendant le Grand Prix, il n’a commis absolument aucune erreur et, tout comme son coéquipier, a bénéficié d’une stratégie audacieuse mais payante : attendre un drapeau rouge. Grâce à cela, les deux voitures se retrouvent sur le podium : Ocon en 2e position, Gasly en 3e. Après ce drapeau rouge, Esteban relance la course et s’échappe devant Max Verstappen, la voiture 31 comptant presque quatre secondes d’avance. Malheureusement pour lui, la voiture de sécurité provoquée par la sortie de piste de Carlos Sainz va offrir une nouvelle opportunité au Néerlandais, qu’il saisira avec brio. Sur sa planète, le champion du monde en titre s’envole, mais Ocon et Gasly sont loin d’être ridicules. Les deux Français sont rapides, Ocon étant même le deuxième pilote le plus rapide en piste. Quant à Pierre, il contient la remontée de George Russell pour conserver ce double podium français : une première depuis le Grand Prix d’Espagne 1997. La performance des pilotes est extraordinaire, mais il faut également souligner le travail des stratèges. Aujourd’hui, au Brésil, c’est l’ensemble de l’équipe Alpine qui a réalisé un coup magistral.
Très émus, les deux Normands se congratulent avant le podium. Ils savent qu’ils viennent de sauver la saison d’Alpine. L’écurie française marque 33 points au classement des constructeurs, triplant leur total acquis jusqu’ici. Le bond au classement est inespéré : Alpine passe de la 9e à la 6e place ! L’histoire entre nos deux Français se termine de la plus belle des manières. Ce podium les lie désormais à tout jamais.
Le classement complet de ce Grand Prix du Brésil :
Échec et Max
Au terme d’un Grand Prix complètement fou, Max Verstappen s’est imposé sous la pluie d’Interlagos. Parti 17e, le Néerlandais a réalisé l’une des meilleures performances de sa carrière. La course au titre s’achève prématurément : si Verstappen termine devant Norris à Las Vegas, il sera quadruple champion du monde. Nos deux Normands, Esteban Ocon et Pierre Gasly, ont brillé de mille feux, sans commettre la moindre erreur, offrant à la France son premier double podium depuis 1997.
Crédit photo : Steven Tee/Getty Images

