Des déclarations inquiétantes

Après avoir présenté sa nouvelle livrée, Ayao Komatsu, nouveau directeur d’équipe de Haas, annonce une saison difficile : « Nous sommes réalistes quant à nos attentes concernant les débuts de la VF-24, mais cela reste un moment excitant dans toute saison de Formule 1 de présenter la voiture. Il y a beaucoup de travail qui nous attend pour progresser et augmenter nos performances, mais tout le monde ici est très motivé et impatient de se mettre en piste avec la VF-24. […] Mais dès le départ à Bahreïn, comme je l’ai déjà dit, je pense que nous serons en fond de grille, voire derniers. Depuis que je suis devenu Team Principal, j’ai passé beaucoup de temps à discuter avec les managers, au Royaume-Uni et en Italie, et ils sont enthousiasmés parce que c’est une opportunité de s’améliorer et qu’il y a des domaines à améliorer partout. »

Ces déclarations ne sont pas rassurantes, d’autant plus que Haas sort d’une saison très difficile où l’écurie américaine a terminé dernière au classement des constructeurs. Après les essais hivernaux, Haas est attendu comme la dernière force du plateau.

Un début de saison surprise

Lors du premier Grand Prix de la saison à Bahreïn, les deux Haas s’extirpent de la Q1, et Nico Hulkenberg se hisse même jusqu’à la Q3. La VF-24 est bien au-dessus des attentes. Dès le deuxième Grand Prix en Arabie Saoudite, Haas adopte une stratégie qui va faire parler. Kevin Magnussen est utilisé comme un « bouclier », le Danois retient Yuki Tsunoda, Esteban Ocon et Alex Albon derrière lui pour permettre à son coéquipier de ressortir devant ces pilotes après son arrêt aux stands. La stratégie est osée mais gagnante : Hulkenberg termine 10e et ouvre le compteur de points de Haas en 2024.

En Australie, l’écurie américaine enchaîne avec une double entrée dans les points, Hulkenberg 9e devant Magnussen 10e. L’Allemand ramènera une nouvelle fois un point du Grand Prix de Chine, puis 2 points en course sprint à Miami. Le début de saison de Haas est encourageant, l’écurie américaine étant la 7e force du plateau.

En Autriche, Haas réalise son meilleur week-end de la saison. Magnussen passe tout proche des points (9e) lors de la course sprint. Cependant, le Danois a fait preuve d’un rythme prometteur en vue du GP du lendemain. Ce rythme était bien plus que prometteur, Nico Hulkenberg termine 6e et parvient même à contenir la Red Bull de Sergio Pérez jusqu’au drapeau à damier. Kevin Magnussen finit 8e, les deux coéquipiers empochent 12 points très importants face à Racing Bulls pour la 6e place du classement des constructeurs.

Des améliorations qui fonctionnent !

C’est aussi un domaine où l’écurie américaine a progressé cette saison. Habituellement, les monoplaces fonctionnent bien en début de saison, puis les premières évolutions arrivent et tout s’effondre. En 2024, Haas a su faire évoluer sa VF-24. À Silverstone, l’écurie de Ayao Komatsu amène ses premières évolutions majeures de la saison, seul Nico Hulkenberg en dispose.
Pour la deuxième fois consécutive, Nico Hulkenberg termine 6e. Les améliorations ont fonctionné et Ayao Komatsu s’en réjouit : « Dans l’ensemble, 6e lors de deux courses consécutives, que puis-je demander de plus ? Les évolutions ont de nouveau fonctionné et Nico l’a senti tout de suite vendredi, sa qualification samedi l’a montré et son rythme de course aujourd’hui l’a montré. »

Haas ne va plus marquer de points jusqu’au Grand Prix d’Azerbaïdjan, où Kevin Magnussen est suspendu. Le « supersub » Ollie Bearman entre en piste et bat Hulkenberg en qualifications puis en course. Le jeune Britannique termine 10e.

Pour le Grand Prix à domicile d’Austin, l’écurie américaine apporte ses plus grosses améliorations depuis Silverstone. Une nouvelle fois, ces dernières vont très bien fonctionner : Haas marque des points lors de 5 des 6 derniers week-ends.

Un résultat final tronqué par le double podium d’Alpine

En 2024, Haas réalise la deuxième meilleure saison de son histoire. L’écurie américaine termine « seulement » 7e au championnat des constructeurs, mais l’impression laissée est tout autre. Haas a régulièrement été la 5e meilleure voiture du plateau. Cependant, le bon début de saison d’Aston Martin et le double podium d’Alpine au Brésil ont privé l’écurie de Ayao Komatsu d’un meilleur résultat final.

Pour la première fois, le projet Haas est excitant. La preuve, l’écurie américaine a réussi à attirer un vainqueur de Grand Prix dans ses filets en la personne d’Esteban Ocon. Avec l’annonce du partenariat avec Toyota, le « petit poucet » de la Formule 1 prend du grade. Ils pourront désormais utiliser la soufflerie de la marque nippone et disposer d’un simulateur. En moins d’un an, le projet de l’écurie américaine est passé d’une quasi-mort imminente à l’un des plus prometteurs de la grille.

Ayao Komatsu a réussi à faire beaucoup avec peu. En effet, Haas dispose du plus petit budget de la grille, mais le Japonais a réussi à faire de Haas une vraie équipe de course. Les stratégies en course ont souvent payé, les améliorations ont été réussies… Il y a vraiment très peu de points négatifs pour Haas en 2024.

Nico Hulkenberg a été éblouissant cette saison. L’Allemand a très souvent placé sa VF-24 en Q3 et a été le grand artisan des très bons résultats de l’écurie américaine. Le vainqueur des 24h du Mans s’envole désormais vers Sauber, qui deviendra Audi en 2026.

Kevin Magnussen quitte lui la Formule 1 après une très bonne fin de saison. Le Danois n’a pas été en mesure de rivaliser avec son coéquipier, notamment lors de la première moitié du championnat, mais a très bien fini. K-Mag se tournera vers BMW et l’endurance en 2025.

Bilan de la saison 2024 : Haas, la surprise

Depuis la saison 2021, l’écurie américaine était en grande difficulté et personne ne croyait à un renouveau. Pourtant, pour sa première année en tant que directeur d’écurie, Ayao Komatsu a réussi à remettre Haas sur de bons rails. Les résultats sportifs en hausse et l’annonce récente d’un partenariat avec Toyota ont permis à l’écurie américaine de devenir un projet plus sérieux que jamais. Retour sur la saison 2024 de Haas.

Crédit photo : Bryn Lennon-Formula1